2025-06-29
Chen Zhihui (5e à gauche au premier rang), gynécologue-obstétricienne et membre de la 25e équipe médicale chinoise en Sierra Leone, pose pour une photo avec du personnel médical local et des patientes au centre de santé communautaire de Waterloo, à Freetown, capitale du pays, le 5 décembre 2024. (Photo fournie par Chen Zhihui)
CHANGSHA, 20 juin (Xinhua) -- La Sierra Leone s'est engagée à éliminer le cancer du col de l'utérus d'ici à 2030, dans le cadre d'un vaste effort visant à accroître la santé des femmes. Pour atteindre cet objectif ambitieux, le pays bénéficie du soutien actif d'entreprises et de médecins chinois impliqués dans un programme de dépistage de grande ampleur.
Lancé en septembre 2024 par Chen Zhihui, de la 25e mission médicale chinoise envoyée par la province chinoise du Hunan (centre), le projet, qui est également le premier programme national de dépistage de précision du cancer du col de l'utérus en Sierra Leone, a permis, en moins de six mois, de réaliser des tests de dépistage du papillomavirus humain (HPV) auprès de 2.000 femmes à Freetown, la capitale, ainsi que dans neuf autres grandes localités du pays. Des résultats préliminaires ont déjà été obtenus.
"Cette initiative novatrice a permis de renforcer le dépistage précoce du cancer du col de l'utérus dans le pays et de fournir des données essentielles pour la stratégie nationale de vaccination contre le HPV", souligne Sibeso Mululuma, représentante du Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA) en Sierra Leone. "Elle constitue une contribution majeure à l'amélioration de la santé des femmes dans le pays", ajoute-t-elle.
Chen Zhihui (2e à droite), gynécologue-obstétricienne et membre de la 25e équipe médicale chinoise en Sierra Leone, consulte un rapport médical aux côtés de soignants locaux au centre de santé communautaire de Hastings, à Freetown, capital du pays, le 28 août 2024. (Photo fournie par Chen Zhihui)
En 2023, le ministère sierra-léonais de la Santé a lancé, en partenariat avec l'UNFPA, une feuille de route nationale sur cinq ans pour éliminer cette forme de cancer, fondée sur le dépistage, le traitement des femmes et la vaccination des jeunes filles.
Gynécologue chevronnée, Mme Chen a travaillé pendant une vingtaine d'années en Chine, notamment sur le dépistage précoce et la prévention du cancer du col de l'utérus. A son arrivée en Sierra Leone, elle dit avoir été profondément choquée par la gravité de certains cas.
"Voir de jeunes femmes atteintes de cancers avancés, dans des conditions sanitaires et nutritionnelles alarmantes, m'a choqué", confie-t-elle. "En tant que médecin en mission, je me suis demandé ce que nous pouvions faire concrètement pour elles."
Elle découvre alors que les autorités sanitaires locales, avec l'appui de l'UNFPA, ont recours à la méthode visuelle à l'acide acétique, une technique peu coûteuse, mais peu fiable, bien qu'elle ait l'avantage de ne nécessiter ni infrastructure sophistiquée ni personnel spécialisé.
Grâce à la coordination de la Commission provinciale de la santé du Hunan, l'entreprise chinoise Sansure Biotech a fait don de 8.832 kits de test, de consommables médicaux et de cinq appareils de détection et équipements de conservation, comprenant des systèmes d'alimentation sans interruption et des réfrigérateurs médicaux.
Selon Wang Jun, directeur Afrique au sein du centre de marketing international de Sansure Biotech, cette initiative s'inscrit dans le cadre du modèle de coopération promu par les autorités sanitaires du Hunan, associant équipes médicales et entreprises, afin d'impliquer davantage d'acteurs chinois dans le renforcement des systèmes de santé publique en Afrique.
La mise en œuvre du projet n'a toutefois pas été sans difficultés. Mme Chen a passé près de deux mois à coordonner le transport du matériel depuis la Chine avec les autorités locales. Sur le terrain, la barrière linguistique a nécessité l'appui d'infirmières maîtrisant les langues locales. Par ailleurs, certaines femmes vivant dans des zones reculées hésitaient à se faire dépister. Pour convaincre les populations, Mme Chen s'est rendue personnellement dans plusieurs villes afin de sensibiliser les responsables sanitaires à l'importance de ces examens.
"Lorsqu'on est confronté à une difficulté, il faut la surmonter", affirme-t-elle. Elle a ainsi parcouru neuf villes, parfois situées à plus de sept heures de route sur des pistes chaotiques, dans des conditions de travail souvent très rudimentaires. "Mais quand j'arrivais et que je voyais des femmes m'attendre en chantant depuis l'aube au bord de la route, cela me touchait profondément."
Mme Chen raconte que de nombreux responsables de centres de santé communautaires lui ont exprimé leur gratitude. "Ils m'ont dit que, sans les médecins chinois, ils n'auraient jamais eu accès à des méthodes de test aussi avancées."
"En tant que médecins en mission, notre objectif n'est pas seulement de soigner des individus, mais aussi de contribuer à l'amélioration des systèmes de santé locaux, voire d'influencer les politiques publiques. C'est là notre véritable mission", insiste-t-elle.
Pour la suite, Mme Chen indique être en discussion avec Sansure Biotech afin de développer des kits de dépistage mieux adaptés aux réalités locales, notamment dans un contexte de pénurie de personnel qualifié, de faibles capacités de stockage et d'absence de chaîne du froid. Des outils spécifiquement conçus pour les pays moins avancés.
Source : Agence de presse Xinhua